Le secteur sportif de la province du Lualaba traverse une zone de turbulences majeures. Alors que la gouverneure Fifi Masuka Saini mène depuis plusieurs années une politique volontariste pour faire du sport un pilier du développement local, des tensions internes, des nominations conflictuelles et des suspicions de gestion irrégulière freinent dangereusement cette dynamique.
Un poste stratégique au cœur des tensions
Depuis décembre 2024, le Lualaba dispose, pour la première fois depuis le démembrement de 2015, d’un Chef de division des Sports et Loisirs : Christophe Kambadja, nommé suivant les textes en vigueur, par le Secrétaire général au sport, avec approbation du Ministre national des Sports, à travers un arrêté ministériel. Ce poste technique, non politique, équivaut au Secrétaire général dans une structure ministérielle.
Mais aujourd’hui, ce cadre expérimenté est visiblement mis à l’écart. À sa place, Mick Mwangalalo, chef de bureau, a été propulsé sur le devant de la scène par le Ministre provincial des Sports, en contradiction totale avec les procédures légales de nomination. Un ministre provincial, rappelons-le, n’a ni mandat ni compétence pour nommer ou révoquer un chef de division. Cette entorse aux textes a déclenché une confusion inédite.

Mick Mwangalalo siège désormais dans les réunions officielles, représente la division dans des événements, notamment lors de l’assemblée générale extraordinaire et élective du BC Mwanga, vice-champion de la dernière Coupe du Congo de basketball , alors que le chef de division reconnu par Kinshasa continue d’exercer ses fonctions, recevant courriers et sollicitations des entités sportives de la province.
Ligue des loisirs : deux installations, une seule légitimité ?
La tension a franchi un nouveau palier début octobre. Le 3 octobre 2025, Christophe Kambadja a procédé, en toute légalité, à l’installation de la Ligue nationale des Loisirs, section Lualaba. Moins d’une semaine plus tard, soit le 8 octobre, le Ministère des Sports et loisirs provincial a envoyé un conseiller et un chef de service technique (faisant office de chef de division selon la nouvelle hiérarchie contestée), pour procéder à une deuxième installation officielle du même comité
Cette action en doublon a semé l’incompréhension dans le milieu sportif. Comment justifier deux cérémonies officielles pour la même instance, à quelques jours d’intervalle ? Et sur quelle base légale cette deuxième installation a-t-elle été organisée, en l’absence du chef de division légitime ?
Par ailleurs, Mick Mwangalalo, dont les agissements sont jugés illégaux, pourrait faire face à des poursuites judiciaires pour usurpation de pouvoir.

Gestion opaque des recettes du stade Diur : la sonnette d’alarme tirée
Autre sujet de préoccupation : la gestion des recettes générées par le stade municipal Dominique Diur. Unique infrastructure sportive d’envergure à Kolwezi, ce stade présente pourtant de nombreux problèmes : pelouse vétuste, tribunes mal placées, terrain mal positionné, vestiaires inadaptés. Malgré cela, il continue d’accueillir de nombreuses compétitions provinciales et nationales.
Selon plusieurs sources, les fonds issus de l’exploitation du stade ne seraient pas gérés avec la transparence requise. Des soupçons d’irrégularités sont évoqués dans les coulisses. Il s’agit d’une alerte sérieuse appelant à un audit clair sur la gestion des finances du sport provincial.
Une guerre de leadership au détriment du développement sportif
Cette instabilité survient dans un contexte où aucun projet structurant émanant du ministère des sports provincial n’a été lancé. Pas de nouveau stade, pas de centre de formation. Les gestionnaires de ligues et ententes urbaines opèrent souvent sans bureau, sans budget, sans encadrement.
Et pourtant, le Lualaba est l’une des provinces les mieux représentées au niveau national : 3 clubs en Ligue 1, 5 en Ligue 2, un véritable vivier de talents qui mérite un encadrement professionnel.
Un appel à la gouverneure Fifi Masuka
Face à cette situation, de nombreux acteurs du monde sportif local appellent la gouverneure de la province, Fifi Masuka, à intervenir de manière ferme pour restaurer l’ordre administratif et préserver les acquis. Son engagement en faveur du sport n’est plus à démontrer, mais les conflits internes actuels risquent d’annuler tous les efforts fournis.
Il devient crucial de rappeler que le sport ne peut pas se développer dans le chaos institutionnel. Une vision claire, portée par des acteurs compétents et légitimes, est indispensable. La gouverneure est aujourd’hui la seule autorité capable de remettre les pendules à l’heure.
Josué Tshinkobo
